Communiqué envoyé à la presse le 22 septembre : La politique culturelle de la région Grand Est en construction ou en déconstruction ?
Le Collectif du 20 Janvier, regroupe librement depuis 20 mois plus de 800 acteurs de la création artistique du Grand Est— établissements, compagnies, artistes et techniciens, missionnés de service public et indépendants, syndiqués et non syndiqués, toutes disciplines confondues. Ensemble, nous travaillons à rester vigilant, par l’analyse des textes, en étant force de propositions face aux menaces de dégradation des politiques culturelles qui se sont présentées et se présentent encore autour des réformes territoriales de la loi NOTRe, que ce soit au niveau de l’Etat ou des collectivités territoriales.
Le 9 septembre dernier, nous avons échangé avec Pascal Mangin, président de la commission culture de la région Grand Est, venu nous rencontrer au théâtre Gérard Philipe de Frouard (54). Cette rencontre a soulevé nombre d’inquiétudes au sein de notre assemblée.
Nous craignons que :
- la pérennité des dispositifs issus des anciens territoires — souvent fruits d’un patient dialogue entre élus et professionnels — ne soit pas assurée
- les dispositifs ne puissent s’étendre équitablement dans un territoire multiplié par trois à budget constant
- aucune politique culturelle ambitieuse ne soit mise en œuvre
- la politique culturelle mise en place ne s’inspire que du modèle alsacien
- ce nouvel exécutif soit dans la difficulté voire l’impossibilité d’étendre de manière équitable les outils existants (Caserne des pompiers à Avignon qui ne peut accueillir trois fois plus de spectacles, Les Régionales en Alsace, matériel technique empruntable seulement à Sélestat …)
Il est donc mathématiquement évident que les seules options possibles à budget constant seront soit la coupe, soit la dégradation des moyens.
A cela s’ajoutent d’autres craintes, quand nous apprenons par exemple que la région souhaite systématiquement que les conventions pluriannuelles soient co-signées avec d’autres collectivités ou l’Etat ; nous sommes inquiets pour les jeunes équipes artistiques et/ou celles qui ne peuvent pas ou n’ont pas la possibilité d’avoir d’ancrage local.
Nous prenons acte du discours de Pascal Mangin quand il dit penser avant tout à la protection et à l’accompagnement des artistes, mais nous ne sommes en rien rassurés tant il nous est difficile de lire la traduction en acte de ses intentions et tant nous peinons à percevoir un projet politique lisible.
Nous prenons acte de sa proposition de co-construction dans la mise en place d’un conseil consultatif de la culture impliquant les praticiens du terrain. Cependant nous sommes surpris d’apprendre, avant même la création de ce conseil, que des décisions orientent d’ores et déjà notre avenir.
Nous siègerons malgré tout à ce conseil, puisqu’il nous est proposé de le faire et que nous ne croyons pas à la politique de la chaise vide. Nous y continuerons notre vigilance et nous y ferons valoir notre expertise. Mais nous déplorons déjà le manque d’ambition affichée pour la culture dans la nouvelle région Grand Est, alors que d’autres régions, alors que l’Etat, annoncent des augmentations de leurs budgets, affirmant qu’il ne s’agit que de choix politiques tant le poids financier en est marginal, et tant il leur apparaît évident, dans le contexte politique et sociétal actuel, qu’il faut revitaliser le fleurissement des arts.
L’importance de favoriser la naissance, la vie et la circulation d’œuvres propres à fonder un sentiment commun est d’autant plus capitale que notre nouvelle région doit rassembler des identités et des histoires d’une grande diversité sur un territoire plus étendu qu’un tiers des pays qui composent l’Europe des 28. Nous attendons un projet qui fasse de notre région une terre d’humanisme affirmée.
Pour télécharger le document en pdf, c’est ici : 160919_comdepress3
L'œil de la baleine 